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 [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS]


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Membre Emeraude
Kajiaotori 
Membre Emeraude 
Kajiaotori

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MessageSujet: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 20 Nov - 20:50

Bonjour bonjour !


Je poste ici une fanfiction sur Pokémon dont je suis très fière ! [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 3875001007 À la base je l'avais écrite pour Halloween, mais les circonstances ont fait que je suis un peu (beaucoup) en retard. Mais avant d'avoir le texte, une petite fiche :


Nom : Arsenic, enchantée !
Genre : Fantasitque, Suspens et un peu horreur 
Mots : 12,351 (ouais elle est longue !)
Synopsis : 


J'aime bien mon nom. L'arsenic, c'est un poison mortel. Étant une Seviper, il ne peut que m'aller. En plus, c'est lui qui l'a choisi. Qui ? Bah, mon dresseur ! Je l'adore, et il m'adore. Plus besoin de mot, son regard doux est si intense qu'il me suffit de me plonger dans ses yeux pour me sentir bien. Mais en ce moment, il est... Différent. Distant. Lointain. Il n'a plus cette étincelle de joie qui brillait dans ses yeux. Il ne fait plus attention à moi ces derniers temps. J'ai fait quelque chose de mal ? 


Avertissement : /!\ Je suis très sérieuse en disant que cette fiction est violente malgré le style apparemment joyeux du synopsis. Il y a mention de gore plutôt détaillée, si vous n'aimez pas, passez votre chemin. /!\
Voilàà, donnez moi un tout petit peu votre avis histoire que je puisse poster la fiction dans son intégralité dans le post suivant ^^ J'espère que ça vous a mis l'eau à la bouche ! ;3
Kajiaa (qui vous fait de gros poutous)
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Cheshire 
Membre Platine 
Cheshire

Messages : 1408
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 20 Nov - 21:16

Idée qui à l'air intéressante hâte de voir ce que ça donne. Bon courage !
Membre Emeraude
Kajiaotori 
Membre Emeraude 
Kajiaotori

Messages : 458
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 20 Nov - 21:23

Merci ! :3 Comme promis, je balance le texte, j'espère que ça vous plaira ^-^ j'ai hâte d'entendre vos critiques !


-Kajia [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 3875001007 [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 3875001007 [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 3875001007



*****

Arsenis, enchantée - Chapitre Unique.

Je grelotte, transie par le froid cinglant de cet après-midi d’Automne. Je regarde mon maître à travers la vitre. Ça y est, il est ENFIN à la caisse. Il oublie que je l’attends ici, dehors, puisque je n’ai pas le droit d’entrer. Il sort de la boutique, et repart sans m’adresser un regard. Je suis mon dresseur dans les rues de Parsemille le plus naturellement du monde. Il avance à travers la foule grossissante sans trop faire attention à moi, sans me décrocher un regard ou même un seul mot. Déçue, je baisse les yeux sur le sol. Ces derniers temps, il ne fait plus trop attention à moi. C’est à peine s’il me regarde. J’ai envie de lui demander ce que j’ai bien pu lui faire pour qu’il soit aussi distant. Mais bon, à moins qu’il parle le Seviper, ça va être dur de lui faire comprendre... Je relève la tête, et l’observe de dos, comme d’habitude. Je remarque qu’il est bras-nus. Comment il fait ? Aujourd’hui, il fait un temps glacial ! Un coup de vent passe, me faisant plus trembler encore.


La foule s’épaissit de plus en plus, car aujourd’hui Carolina va faire une démonstration de voltige Pokémon sur les pistes de l’Aéroport. J’évite les gens du mieux que je peux, en essayant de ne pas le perdre de vue. Mais ils s’agglutinent devant moi, sans se pousser pour me laisser passer. J’ai beau siffler, bousculer, montrer les crocs, ils sont de plus en plus nombreux et me bloquent le passage. On dirait qu’ils ne me voient pas. Avant, quand j’étais en liberté derrière mon dresseur, ils me regardaient d’un air craintif, et on éloignait les enfants de moi. Une Seviper en ville, ça fait toujours un peu flipper. Je n’y faisais pas trop attention, lui m’aimait et c’était tout ce qui comptait. Mais là, on dirait que le spectacle offert par la Championne m’efface totalement de leur regard, à tel point que j’ai failli le perdre dans l’immensité de la foule.


On finit par arriver dans un endroit plus vide. Je le rejoins et fait un sifflement pour exprimer mon mécontentement par rapport à la foule. Il se retourne à peine, et continue sa route sans ralentir le pas. Choquée par son attitude, je m’arrête. Je sens une larme rouler sur ma joue. Pour attirer son attention, je renifle plus bruyamment que la normale. Il semble ne pas m’avoir entendue, en tout cas, il continue sa route l’air de rien. Perdue dans mes pensées, je cherche ce que j’aurais pu faire dernièrement qui causerait cette indifférence. Ça fait combien de temps qu’il est comme ça ? Quelques jours à peine. Je cherche, je cherche, je cherche et finis par mettre le doigt dessus (enfin façon de parler, puisqu’étant un serpent...bref). C’était il y a trois jours, on a fait un combat contre un dresseur dans la grotte Electrolithe. Je ne m’en souviens plus très bien, mais il me semble avoir gagné le combat. Puis, j’ai un trou noir, il m’a sans doute rentrée dans ma Pokéball vu que je devais être blessée. Le lendemain, je me suis réveillée à côté de son lit dans la chambre que nous avons prise au Centre Pokémon. Comme souvent, il m’a ressortie et soignée durant mon sommeil. Et c’est à partir de là que j’ai remarqué que quelque chose n’allait pas. A peine levé, il ne m’avait pas fait de câlin comme à chaque fois. J’ai pensé qu’il était dans le pâté et qu’il ne m’avait même pas vue en se levant. Mais même plus tard dans la journée, il s’est montré extrêmement distant. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Et si je l’avais perdu, finalement, ce combat ? Mes souvenirs sont un peu flous alors... Non, c’est impossible. Il n’est vraiment pas du genre à m’en vouloir pour une défaite. Mais  il y a vraiment quelque chose qui va pas. Après une défaite, on s’entraine jour et nuit pour pouvoir prendre notre revanche. Et là, je ne crois pas que depuis on soit allés sur les routes pour combattre des Pokémon sauvages...


        Je relève la tête. Il n’est plus là. Je reste figée sur place un moment au lieu de partir à sa recherche. Il ne m’a pas attendue ! Il n’a même pas remarqué que je n’étais plus derrière lui. Je m’élance dans la ruelle où il semble avoir disparu le plus vite possible. Arceus, qu’ai-je fait pour qu’il me déteste à ce point-là ? Tandis que j’avance du mieux que je peux à travers les rues, des larmes commencent à ruisseler. Il n’y a rien de pire pour un Pokémon que de se sentir rejeté par son maître. Il a changé du tout au tout, et c’est vraiment dur de le supporter pour moi. Des souvenirs chaleureux me reviennent en mémoire. Ses sourires, ses caresses, ses compliments... Tout a disparu. Sans prévenir. Et ça me fait énormément de mal, car c’est forcément de ma faute. Je le connais presque mieux que quiconque, il ne peut pas m’ignorer du jour au lendemain sur un coup de tête, ou même pour me faire une blague, car il sait que c’est de très mauvais gout. C’est de ma faute et je ne vois pas comment me racheter. Les cadeaux, c’est pas mon truc, et puis, vous avez déjà vu un Pokémon entrer dans une boutique, acheter quelque chose, demander à la caissière de l’emballer et payer ? A part peut-être les Arcanin d’aveugles, je ne vois pas.


        Essoufflée, je ralentis le rythme. Je ne l’ai pas encore trouvé, j’ai pourtant cherché dans tous les endroits où il aime bien aller. Mais pas une trace de lui. Paniquée, je tourne dans la mauvaise ruelle. Un peu étroite, sale, je me rends immédiatement compte de mon erreur. Je m’apprête à faire demi-tour, quand j’entends des voix derrière moi. Je ne m’en préoccupe pas jusqu’à ce que j’entende une voix familière. Je pourrais la reconnaître entre mille. Sans hésiter, je me dirige vers la provenance des voix. C’est alors que je le vois. Il est entouré de jeunes adolescents en baggy et capuche. Je lis facilement la terreur dans ses yeux. Il est coincé, il ne peut pas s’échapper. Ces racailles vont lui faire la peau si je n’interviens pas ! Je m’avance, sûre de moi. Voilà le moyen de me racheter. Je me vois déjà terrasser ces voyous avec force, devant son air étonné, émerveillé que je sois arrivé à temps. Puis il me prendrait dans ses bras, il me chuchoterait qu’il me remerciait du fond du cœur et qu’il avait été stupide de me faire la tête pour ma défaite de l’autre jour. Il s’excuserait, en larmes, et tout redeviendrais comme avant. Animé par cette nouvelle force, je m’approche encore plus. Ils ne semblent pas avoir remarqué ma présence, trop occupés à martyriser encore et toujours mon pauvre maitre.


« -Aller, on a assez gol-ri, file nous tout ton fric.
-Va te faire voir !
-QUOI ?
-Wa, l’aut ! Té-ma comme il répond au chef !
-Eh p’tit ! J’te déconseille de faire ton malin face au chef ! Sur la vie d’ma mère, il va t’envoyer à l’hosto, tu vas rien ger-pi !
-‘xactement ! repris « le chef » en sortant un canif de sa poche. Donne-nous ton blé et on te laisse tir-pa quill-tran. »


Mon dresseur était paralysé à la vue du couteau, mais il n’en démordait pas.


« -Hors de question ! C’est pas à vous, j’en ai besoin pour une amie !
-Mais j’la ken ta pote ! Commence pas à m’vénère, sinon ça va mal s’passer pour oit… »


Sur ces mots, il donna un coup de pied dans le ventre de mon maître. Ne tenant plus, je me faufile entre les autres personnes et donne un Coup d’Boule magistral dans le torse de celui qui a osé le frapper. Il retombe plusieurs mètres plus loin, je suis assez fière de ma performance. La moitié d’entre eux court vers lui, l’autre reste figée sur place, l’air terrifié. Je les regarde et pousse un long sifflement en montrant mes crocs enduits de venin. Ils s’enfuient sans demander leur reste. Les autres se barrent eux aussi, l’air livide. Toutes les mêmes ces racailles. Dès que tu t’en prends à leur chef, y’a plus personne pour faire quoi que ce soit. Je me retourne vers mon dresseur, tout sourire, espérant les remerciements que j’attendais. Je me fige immédiatement. Il me fixe, l’air terrorisé. Enfin, non, il ne me fixe pas, il regarde dans ma direction, mais ses yeux semblent chercher quelque chose. Lorsque je suis dans sa ligne de vision, on dirait qu’il ne me voit pas, qu’il regarde à travers moi, comme si j’étais transparente. Je me retourne sans comprendre, mais il n’y a rien derrière moi. Triste, je m’approche de lui pour savoir ce qui ne va pas. Je lui touche le bras du bout de la queue. Sa réaction n’est pas du tout celle que j’attendais. Il pousse un long hurlement, se relève le plus vite possible et s’enfuit. Désemparée, je me lance tout de même à sa poursuite. Il court à travers les ruelles, sans cesser de regarder derrière lui d’un air inquiet. Il bouscule des gens, évite des poteaux de peu. Il est totalement perdu. A ses trousses, je le poursuis sans relâche, je veux comprendre. D’un coup, mes larmes reviennent, plus chaudes, plus abondantes. Elles finissent par me brouiller totalement la vue, mais je n’abandonne pas. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi cet air terrifié ? Pourquoi ce hurlement ? Tu ne me reconnais plus ? Mais c’est moi ! Arsenic ! Ta partenaire de toujours ! Pourquoi... Pourquoi t’es comme ça avec moi ? Je t’en prie, dis-moi... Je veux te retrouver, nous retrouver, je veux que tout soit somme avant. Dis-moi ce qui s’est passé. Je veux savoir. Je veux savoir pourquoi tu n’es plus comme avant...


        La course poursuite continue dans tout Parsemille. Il essaie éperdument de me semer dans les ruelles, mais je le retrouve à chaque fois. La nuit commence à tomber. Le temps passe vite, et il continue pourtant de courir. Il commence à s’essouffler, tant mieux, je vais peut-être finir par le rejoindre... Il tourne dans la rue principale et fonce vers le Centre Pokémon. J’essaie de le rattraper mais il passe la porte vitrée avant que j’ai pu le rejoindre. Je sais que les Pokémon sont interdits d’entrer en dehors de leur Pokéball dans ce bâtiment, pour des raisons d’hygiène. Les seuls qui y sont autorisés, sont ceux qui viennent tout juste d’être soignés, et encore, ils ne doivent pas rester très longtemps dehors. Déçue, je n’ai même pas la force de rentrer pour me faire remarquer. Je remarque un petit buisson non loin de l’entrée. Je m’y installe pour pouvoir passer la nuit. Mais il est encore trop tôt, et bien qu’il fasse désormais nuit noire, je n’ai pas envie de dormir. En plus, je meurs de faim. Je retourne vers la porte de verre. La lumière m’aveugle quelques secondes puis mes yeux s’habituent. A l’intérieur, je vois des dresseurs de tout âge s’amuser avec leurs Pokémon tout juste rétablis. Cette scène me fait mal au cœur, je pense à lui, à nous. Je sens mes larmes chaudes couler lentement le long de mes joues et tomber sur le sol. Je relève la tête et voit mon reflet sur le verre. Arceus, ces derniers événements m’ont beaucoup secouée, j’ai une tête à faire peur. J’ai d’horribles cernes violets sous les yeux, et ces derniers sont rouges à force d’avoir pleuré. Je ris un peu malgré mes larmes devant ce tableau pittoresque. Les lumières de la ville créent un étrange halo bleuté autour de moi, c’est plutôt joli. Je me retourne et observe un peu les bâtiments, si différents lorsque la nuit tombe. Je contemple un peu les dernières lumières de la ville et retourne à mon buisson. J’essaie d’oublier ma faim en me concentrant sur mon sommeil. Je m’enroule sur moi-même pour essayer de me réchauffer, gelée par le froid de la nuit. Je ferme les yeux, attendant que le sommeil me prenne dans ses bras cotonneux…


        Le soleil se lève déjà. Je n’ai pas dormi de la nuit, je n’ai pas arrêté de me tourner et de me retourner dans mon buisson, encore et encore. J’ai fini par me lever et je me suis baladée un peu autours du centre. Le froid me gelait jusqu’aux os, mais je n’arrivais pas à somnoler. J’ai fini par me poser sur la colline un peu plus haut pour regarder ce magnifique lever de soleil. Une fois ce dernier plus haut dans le ciel, je suis redescendue près de la porte vitrée du Centre Pokémon. Je l’attends.


        Il sort environ une demi-heure après que je sois revenue. Il est encore en T-shirt. Je ne suis pas frileuse pourtant ! Mais je suis continuellement frigorifiée ces derniers temps, je tremble de partout comme un Stalgamin.


         Je m’attends à ce qu’il parte sans se soucier de moi, auquel cas je lui sauterais dessus et le forcerait à m’expliquer d’une manière ou d’une autre. Mais cette fois, il se comporte tout autrement. A peine sorti, il se tourne dans ma direction. Il a les cernes de quelqu’un qui n’a pas beaucoup dormi et ses yeux sont rouges, comme s’il avait beaucoup pleuré. Ce soudain intérêt me paralyse, j’ose même pas respirer. Puis il se retourne, et commence à marcher d’un air tranquille. Il s’arrête une seconde, se tourne à demi et reprends sa route. Ce dernier mouvement sonne comme une invitation à le suivre, même s’il n’a pas prononcé un seul mot. Je me dépêche de le rejoindre, curieuse de voir comment va se passer cette journée.


        On marche un peu dans les rues de Parsemille. C’est appréciable car il y a beaucoup moins de monde qu’hier. Il n’a pas parlé depuis qu’on est partis, mais je ne m’en fais pas. Je sens qu’il se dirige vers un endroit précis, mais lequel ? On tourne dans une rue qui me semble familière. Il s’arrête devant une maison très charmante. Je reconnais la maison de son cousin. Il habite ici, c’est vrai, et c’est d’ailleurs pour ça qu’on est venu dans cette ville. Je l’ai déjà vu plusieurs fois depuis que nous sommes arrivés. Il sonne. Une femme vient nous ouvrir, sa tante je crois.


« -Ah, c’est toi… Ne bouge pas, je vais le chercher. »


Elle disparait dans la maison en laissant la porte entrebâillée. Il ne cherche pas à rentrer, on reste de l’autre côté du portail de fer blanc. Un instant plus tard, son cousin descend les marches du perron et ouvre le portail.


« -Salut mec ! Maman a dit que tu voulais me voir. Qu’est ce qui a ?
-J’ai besoin de te parler. répondit-il très vite.
-Ah… Elle te manque, c’est ça ?
-Pas exactement. fit-il, gêné. Enfin, si, mais allons parler ailleurs.
-OK… Maman ! appela-t-il. Je vais faire un tour !
-D’accord mon chéri ! répondit-elle depuis l’intérieur de la maison. Tu rentres pour déjeuner, d’accord ?
-Ouais, t’inquiète ! » cria-t-il en fermant la porte de fer.


Il regarde mon dresseur d’un air entendu.


« -Tu vas me raconter ça autours d’un bon café, ça te dit ? »


Il ne répondit pas, se contentant d’entamer la marche d’un air grave. Je les suis d’un peu plus loin pour les laisser tranquilles. Ils se ressemblent, et ont toujours été assez proches. Les mêmes cheveux bruns, le même regard rieur. Cet air enjoué qui ne les quitte que rarement. Ce même air, que je n’ai pas vu depuis un moment sur son visage.


        On arrive au bar/café de Parsemille, juste en face de l’aéroport d’où on peut voir décoller et atterrir les avions. Ils prennent une table et chacun commande un petit déjeuner. Je n’ai pas le droit d’entrer, mais ils ont choisi une table en extérieur proche de la cloison. Je m’enroule tout près d’eux, en essayant de ne pas sentir la douce odeur qui me chatouille les narines. Une fois les commandes servies, ils commencent à manger. Puis, son cousin lui demande :


« - Alors de quoi voulais-tu me parler ?
-Tu le sais très bien. Je n’arrive toujours pas à l’accepter…
-Mec, c’est normal ! Ça fait quelques jours à peine. Tu étais si attaché à elle… Tu ne peux pas faire ton deuil aussi vite !
-Je sais… répondit-il d’une voix extrêmement triste. Mais depuis, j’ai l’impression de sentir sa présence, comme si elle était là, à côté de moi…
-Hum… Ecoute, tu tenais tellement à elle, c’est logique que tu n’arrives pas à te faire à son absence, que t’ai l’impression qu’elle est encore là, à veiller sur toi. répondit-il après un silence. J’ai envie de dire, oui, c’est vrai, elle veille toujours sur toi, depuis l’endroit où elle est.
-Mais… Je veux qu’elle soit là, avec moi, que je puisse la serrer encore dans mes bras…
-Je sais, c’est dur de perdre un proche. Moi aussi je l’aimais beaucoup, et d’une certaine manière, elle me manque aussi… Mais dis-toi qu’elle sera toujours vivante, dans le cœur de tous ceux qui l’ont connue, dans mon cœur, et surtout dans le tiens.
-J’aimerais tellement la revoir…
-Tu es allé à son enterrement ?
-Bah bien sûr ! T’y étais aussi je te rappelle…
-Oui, mais tu avais été tellement discret qu’au début j’ai cru que tu n’avais pas eu le courage de venir.
-Je voulais rester seul avec elle une fois que tout le monde était parti.
-T’y est retourné depuis ? demanda-t-il après une gorgée de café bien crémeux.
-Non… Je ne sais pas si j’en aurais le courage…
-Un conseil, retournes y. Même si ça te fait du mal sur le coup, tu verras que petit à petit, ça t’aidera à aller mieux.
-Tu crois ?
-Oui. Ma mère y allait assez souvent après la mort de sa grand-mère, ça l’aidé « à passer le cap » comme elle dit souvent. D’ailleurs, je t’ordonne d’y aller dès que tu as fini ce déjeuner ! » rigola-t-il en lui mettant le nez dans sa tartine de confiture.


Mon dresseur s’essuie avec dégoût avant de lui mettre à son tour le nez dans la mousse de son café. Ils rient tous les deux assez fort. Je souris devant cette joie inopinée. C’est la première fois que j’entends son rire depuis un moment. Puis je repense à leurs paroles. Si j’ai bien compris, une amie très proche de mon maître est morte récemment. Il était très attaché à elle, peut-être était-il amoureux… ? Il ne m’a jamais parlé de ses amours, bien que nous soyons très proches. Mais je ne suis qu’un Pokémon, pas un véritable ami avec qui on peut discuter et se confier quand on a besoin de conseils. Mais peut-être que c’est un membre de sa famille. Je la connais sans doute. Cet événement funeste me remonte presque le moral. J’ai enfin l’explication que j’attendais. Cette attitude renfermée… Quand quelqu’un à qui on était très attaché vient de mourir, la tristesse et la culpabilité nous renferment sur nous-mêmes pendant un laps de temps plus ou moins long. Ça me rassure de savoir que dans un moment, il redeviendra presque comme avant. Je m’en veux de ne pas m’en être rendue compte plus tôt. Je me plaignais qu’il ne m’accorde pas trop d’attention, alors que c’est lui qui avait besoin d’affection. J’attendais qu’il me fasse les câlins que j’aurais dû lui donner de moi-même. Je promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider à aller mieux.


        Les deux cousins se lèvent, vont au bar payer l’addition et marchent ensuite ensembles sur quelques mètres. Lorsque vient le moment de se séparer, ils se font une accolade et son cousin lui répète de retourner au cimetière le plus vite possible. Il acquiesce d’un mouvement de tête. Au dernier moment, il se rapproche de lui en lui dit quelque chose à l’oreille. Mon dresseur fait ‘oui’ de la tête puis ils partent dans des directions opposées. Je décide de me faire oublier le temps qu’on se rende au cimetière. Je me vois déjà devant la tombe, avançant vers lui et m’enrouler autour de son corps. Il me serrera dans ses bras de toutes ses forces, heureux de cette affection inattendue et pleurera à chaude larmes entre mes anneaux. Heureuse de ce nouveau départ, je me rends compte que je l’ai à nouveau perdu. Je reviens sur mes pas et le vois dans une ruelle. Je me hâte à sa suite. On arrive devant une boutique qui dégage un merveilleux parfum. Je déchiffre la pancarte :


« Le Fleuriste de Floraville »


Et juste en dessous :


« Première boutique en dehors de Sinnoh ! Soyez les bienvenus. Ici, les fleurs ont un parfum exquis ! »




Il entre dans la boutique. Docile, je reste dehors comme à mon habitude, même si à l’intérieur, je vois deux Rosélia qui se baladent et qui arrosent les fleurs. Mon maître désigne différentes fleurs dans le magasin, la vendeuse court de pot en pot pour assembler son bouquet. Il paie et ressort avec à la main, un magnifique bouquet de roses noires, violettes et blanches, tenues par un ruban de satin noir, et qui dégagent un parfum doux et sucré. L’air triste et grave, il lâche dans un murmure :


« -Je crois qu’il est temps d’y aller… »


        On sort de la ville par le nord. On arrive sur la route 7, pleine de dresseurs avides de combat. Il leur passe devant sans leur jeter un regard. Personne ne nous interpelle pour faire un combat, un simple coup d’œil sur le bouquet qu’il tient à la main les en dissuade. On évite les hautes herbes et on arrive à une sorte de croisement. Il continue tout droit sans hésiter. Je ne me souviens pas que nous sommes déjà allés si loin, même lors de nos entrainements. Pas un dresseur, ici, tout est étrangement beaucoup plus calme. On n’entend même pas le piaillement des Colombeau sauvages. On continue de marcher, en silence. Même moi, je me mets à respirer doucement, pour ne pas briser cet effroyable silence. Et puis, au loin, je la vois. Elle se dresse, immense, devant nous. Je n’avais encore jamais vu de tour de ce genre. Construite avec de la pierre verdâtre, une sorte de chemin délimite chaque niveau et monte en spirale le long de la tour. Beaucoup de fenêtres parsèment les différents niveaux. Mon dresseur s’attarde tout comme moi quelques instants sur cette architecture particulière.


« -Je ne pensais pas y retourner de sitôt... »


Il se tut et entra dans la tour. Je le suivis de près, non sans avoir lu le panneau au-dessus de l’entrée.


« Tour Des Cieux »


« Drôle de nom pour un cimetière ! » pensais-je.


        On pénètre à l’intérieur. Le niveau inférieur est plutôt grand ! Je remarque un garde, ainsi que deux ou trois personnes agenouillées devant une tombe, l’air grave et mélancolique. Mon maître se dirige rapidement vers les escaliers. Je m’apprête à lui emboiter le pas quand une sensation étrangement familière me traverse. Surprise, je m’arrête et regarde autour de moi. Cet endroit... Non, c’est impossible. C’est la première fois que j’y mets les pieds, j’en suis sûre et certaine. Mais alors, pourquoi est-ce que... ? Je secoue la tête et me décide à monter les marches de l’escalier. J’arrive au premier étage. Il est là, à zigzaguer entre les tombes pour rejoindre l’escalier qui mènent au deuxième niveau. Je cours pour le rejoindre, quand mon regard est attiré par quelque chose. Là, sur la tombe. La petite bougie... Je suis sûre que je viens de l’avoir bouger. Je m’approche, curieuse. Elle est toute blanche et brille d’une étrange flamme violette. Mais alors que j’avançais ma tête pour la regarder d’encore plus près, elle se retourne soudainement, dévoilant un œil jaune et un petit sourire. Je pousse un cri, surprise. La petite bougie crie elle aussi, sans doute apeurée par mon cri, et s’échappe derrière la tombe. Je reste immobile quelques secondes, le temps que mon cerveau assimile ce qu’il vient de se passer. Je pousse un soupir. Ce n’était qu’un petit Pokémon ! Je file aussitôt vers l’escalier pour rattraper mon maître. Deuxième étage, personne. Je me rue vers l’escalier et je peux le voir à temps en train de monter les marches du quatrième escalier. Je me fraie un chemin entre tombes et dresseurs et arrive moi aussi à l’escalier.


        Je monte la dernière marche. Cette fois, il ne va pas vers l’escalier. Je le trouve debout devant une tombe, son bouquet toujours à la main. Je m’arrête une seconde pour souffler et vais le rejoindre. Il s’agenouille et défait le ruban noir. Il dépose une à une les roses sur la tombe pour former un cercle. Celle-ci est magnifique. La stèle est en pierre noire et taillée, et est entourée de plants de lavandes. Je le regarde. Les larmes coulent sur son visage. Ça me fait l’effet d’un coup de poignard. Avant, je ne l’avais jamais vu pleurer. Il devait être vraiment beaucoup attaché à cette personne. D’ailleurs, qui est-ce ? Peut-être que je la connais, peut-être que je l’ai déjà rencontrée quand j’étais avec lui... Je tourne ma tête vers la tombe pour déchiffrer le nom qui y est gravé.


        Je sursaute.
        Non. C’est impossible !
        Je relis plus lentement le nom qui est gravé. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Terrifiée, je tombe par terre. Non... C’est impossible... Mais alors, ce lieu...


Cette tombe...


C’est la mienne ?


Je... Je suis morte ?


Mes larmes montent d’elles même. Mais je suis là pourtant ! Je... Je ne suis pas...


        Je ne peux pas y croire. Je suis en train de rêver. Oui, voilà, c’est un cauchemar, dans quelques minutes je vais me réveiller dans ses bras, il me chuchotera de sa voix douce que tout est terminé et que tout va bien. Je ferme les yeux très forts en me répétant que je suis en train de dormir, dans l’espoir que je me réveille. Je les rouvre, impuissante. Tout ceci est bien réel. Je suis devenue un fantôme. Je ne peux y croire, et pourtant, au fond de moi, je sais que c’est vrai. Tout concorde. Le halo de lumière, hier, dans le reflet de la porte du Centre Pokémon. Son attitude, celles des autres gens. Cette manière de me chercher du regard sans jamais pouvoir me voir. Je suis un spectre, invisible à ses yeux. Une question subsiste : Pourquoi ? Comment j’en suis arrivée là ? Que s’est-il passé bordel ?!


« -Arsenic... »


La voix tremblante de celui qui a partagé ma vie me sort de mes pensées. Doucement, je bouge, me mets face à lui, dans l’espoir qu’il puisse m’apercevoir une dernière fois.


« -Arsenic... appela-t-il une seconde fois. Je sais que tu es là... Je sais que tu me suis. Je te sens. Où es-tu ? »


Les larmes aux yeux, je cherche un moyen de lui répondre. Mes yeux se posent sur les roses. Je prends délicatement une rose blanche et la dépose à ses pieds. Ses yeux n’ont pas quitté la fleur des yeux. Quand il la voit à ses pieds, ses larmes repartent de plus belle.


« -Je le savais... Arsenic, où es-tu ma belle ? Viens, viens ici... Je veux savoir si je peux te prendre dans mes bras une dernière fois. »


Sans hésiter, je m’avance et me serre contre lui. A peine ai-je sentis mon corps contre le siens que je ressens sa chaleur me gagner. Mes frissons cessent enfin. Je pose ma tête sur son épaule, comme je le faisais avant. Doucement, il resserre son éreinte et sa main vient me caresser la tête.


« -C’était toi hier, avec les voyous hein ? Tu m’as sauvé... Merci Arsenic. Je suis désolé de ne pas l’avoir compris, je suis désolé de t’avoir fui comme je l’ai fait... Je... Je ne pouvais... Je ne savais pas... »


Alors c’était ça. Bien sûr qu’il ne me détestait pas. Il était juste... Surpris, terrifié. Ça doit faire un drôle d’effet de voir tout d’un coup son ennemi voler sans raison sur plusieurs mètres. Ce n’était pas moi qu’il fuyait, bien au contraire.


        Une question reste pourtant sans réponse pour moi. Comment suis-je morte ? Cette question me brule les lèvres et pourtant, je ne vois pas comment je pourrais lui poser. Mais je veux savoir. Lui ai-je sauvé la vie ... ? Ou autre chose ?


« -Tu sais, tu me manques tellement... Je m’en veux... Si seulement... »


Sa voix fut coupée par l’émotion, mais il a attiré ma curiosité.


« -Si seulement j’avais pu intervenir... Peut-être qu’à l’heure actuelle, tu serais encore là... »


Une alarme s’allume en moi. Dis-m’en plus ! Je lui touche le bras de façon insistante pour essayer de lui faire comprendre. Il regarde dans ma direction d’un air interrogateur.


« -Arsenic, qu’est-ce qu’il y a ? Quelque chose ne va pas ? »


[...]
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 20 Nov - 21:25

[...]

Dis-moi ! Je t’en supplie. Je veux savoir comment j’ai disparu. Pourquoi je suis un spectre maintenant. Je prends son bras et lui fait toucher ma tombe. J’espère que le message est passé...


« -Arsenic, je ne comprends pas... Qu’est-ce qu’il y a ? »


Je ne me décourage pas. Je lâche son bras et dessine un point d’interrogation dans la fine couche de poussière qui recouvre déjà la tombe. Ma tombe. Une lueur s’allume dans son regard. Est-ce qu’il a compris ?


« -Tu... Tu ne te souviens pas ? » dit-il, tombant des nues.


Je secoue énergiquement de la tête avant de me souvenir qu’il ne peut pas me voir. Difficilement, j’écris un N tremblant dans la poussière.


« -Oh... Je vais te le dire. Mais viens contre moi, je n’aime pas ne pas savoir où tu es. »


Je me colle contre son torse, sa chaleur m’enveloppant à nouveau. Il reste un moment silencieux, la remontée de ces souvenirs douloureux ne doit pas être facile. Je sens quelque chose tomber sur mon crâne. Je lève la tête et le vois en train de pleurer. Il me serre encore plus fort et commence d’une voix coupée par les sanglots :


« -C’était ... L’autre jour... Tu te souviens ce dresseur dans la grotte Electrolithe ? Je lui avais demandé un combat, tu sais, un entrainement de routine... Tu t’es retrouvée face à un Flamoutan. Et très vite, j’ai vu que ça n’allait pas tourner à ton avantage...J’ai voulu arrêter le combat, mais... »


J’écoute sa voix douce, mais triste. Mon cerveau enregistre ses paroles. Combat, grotte Electrolithe... ça je m’en souviens. Mais contre qui ... ? Un Flamoutan apparemment. Je laisse mon regard se perdre au-dessus des tombes. Et puis d’un coup, un flash. Je me revois dans la grotte Electrolithe. Mon cerveau assimile ses paroles, et, petit à petit, les images du combat me reviennent en mémoire.


« -… Le combat était bien engagé, et tu étais en position de faiblesse. Mais ce qui m’inquiétait, c’était cet air horrible que l’autre dresseur et son Pokémon prenait. A chaque coup, le Flamoutan souriait de plus en plus fort. Je sentais que ça ne présageait rien de bon, mais qu’il aille jusque-là… »


Ses larmes le coupent dans son récit. Patiente, j’attends qu’il se sente mieux pour reprendre.


« - Il a balancé une attaque Feu très puissante et tu te l’aie prise de plein fouet. Tu as commencé à crier, je ressentais ta douleur tellement elle était grande… »


Ses mots me donnent des frissons. Des souvenirs remontent. L’attaque Feu qui se déverse sur moi. La douleur insupportable. Mon cri qui déchire l’air de la grotte. J’avais l’impression que tout mon corps était en train de brûler. Je n’étais pas loin, car je voyais mes écailles tomber par paquets, calcinées, sur le sol brillant de la grotte.


« -Tu te tordais de douleur juste sous mes yeux… J’ai demandé à arrêter le combat, mais ils ne m’écoutaient pas, ni lui, ni son Pokémon. Au moment où j’ai voulu intervenir malgré tout, son Flamoutan m’a pris ta Pokéball des mains. Je criai tout ce que je pouvais, je le suppliais d’arrêter le combat, j’étais prêt à tout pour pouvoir te sortir de là et te soigner… Mais… Mais… »


Il se stoppe à nouveau. Je sais qu’il ne ment pas, je revois la scène dans ma tête. D’un rapide mouvement, le Flamoutan a récupéré ma Pokéball. J’étais coincée. Le dresseur ne répondait aux appels de mon maître. Malgré la douleur, j’ai tenté de me relever pour pouvoir la récupérer.


« -… Tu t’es redressée, prête à tout pour sortir de là. D’un coup de poing, il t’a renvoyée au sol. Sonnée, tu n’arrivais plus à te relever… »


Je suis à terre, la tête collée contre le sol froid. Tout mon corps n’est que douleur, je n’arrive plus à le supporter. Je prie Arceus de mettre fin à mon calvaire. J’essaie de ramper vers celui qui m’a aimée mais mes muscles ne répondent plus. Je le regarde, désespérée de trouver une solution pour faire disparaître la douleur qui s’est emparée de mon corps.


« -Il a lui a ordonné de te ruer de coups. Sans hésiter, il t’a empoignée d’une seule main et a enchainé les attaques, toutes plus dévastatrices les unes que les autres. Tu criais ta douleur de toutes tes forces. Je voyais ton sang gicler sur les parois et sur le sol, je ne pouvais plus le supporter… J’ai hurlé et il s’est arrêté. Et c’est là qu’il a prononcé ces mots horribles… »


Je me raidis, les yeux au bord des larmes. Je m’en souviens…


Achève-la.


Je l’ai vu lever son bras et puis… plus rien. J’ai beau chercher, plus de souvenirs…


« -… Juste après avoir prononcé ces deux mots, dit-il d’une voix entrecoupée par les sanglots. Son… Son Flamoutan… Il a chargé Griffes Ombre et… Et… »


Et ? Il ressert encore plus son étreinte, ses mains agrippent mes anneaux.


« -Et… Il t’a littéralement tranché la gorge… »


Un horrible frisson me parcourt. Alors… C’est comme ça que… Ça s’est passé ? Malgré moi, j’essaie un instant d’imaginer la scène… Mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas facile de visualiser sa propre mort.


« -Ton sang a giclé sur lui. Mais loin de le dégouter, il a pris un air encore plus malfaisant. Te tuer… N’avait pas l’air de le rassasier… Il a commencé à jouer avec ton corps sans vie, le réduisant petit à petit en charpie sanglante… Et moi, je ne bougeais pas… Tu venais de… De mourir… Juste sous mes yeux… Et lui… réduisait ce qu’il restait de toi avec le sourire… »


Je frémis. Il reprit assez rapidement :


« -Finalement, j’ai fini par réagir… J’ai couru… Pour t’arracher à lui… Qu’il arrête de… De te frapper, de te faire mal, alors que tu étais déjà… Il t’a lâchée et s’est retourné vers moi. Il m’a enfoncé son poing dans le ventre… Je me suis écroulé. Je les voyais qui allaient partir, je voulais bouger, me relever, leur faire payer, d’une manière ou d’une autre… »


Je ne bouge pas. Ses mains se resserrent encore.


« -Mais son coup m’avait cloué au sol… Ils sont partis sans que je n’aie pu faire quelque chose… J’ai relevé la tête et… J’ai vu la tienne, à quelques dizaines de centimètres de moi, dans une flaque de sang presque noir… Elle était encore intacte. Tout ton corps avait été mutilé, à part elle… Tu semblais presque dormir… Mais je savais que… Que cette fois tu ne te réveillerais pas… Incapable de bouger, j’ai laissé libre cours à mon chagrin… J’ai tant pleuré… Je ne pouvais admettre… Croire… Que tu avais disparu… »


Je sens ses larmes couler en abondance sur mon crâne. Moi aussi, je me suis mise à pleurer. Je voulais tellement le consoler… Le voir sourire une dernière fois…


        On reste un très long moment entrelacés, sans parler. Seul le bruit de ses sanglots résonne sur les murs de pierre de La Tour des Cieux. Puis il dessert lentement son étreinte. Je m’éloigne un peu de lui, pour le regarder. Les yeux rouges et enflés par les larmes, il garde la tête baissée, les yeux rivé sur le sol. Plusieurs fois, je le vois fermer les yeux et se mordre la lèvre inférieure avec force. Il finit par la relever vers moi, des larmes roulent encore sur ses joues. Doucement, délicatement, je glisse ma queue sur sa peau pour les essuyer. Il frémit au premier contact puis se laisse faire. Je cueille ses larmes sur la pointe de ma queue pour les enlever. Il la prend alors dans ses mains et la serre très fort. Naturellement, je reviens me coller contre lui. Il me chuchote :


« -Désolé de t’avoir raconté tout ça… Ça doit être aussi horrible pour toi. Désolé, Arsenic, désolé… Mais… Je crois que j’avais besoin de me confier… Ce qui s’est passé… Je ne l’ai raconté en détails à personne, même à mon cousin… Je n’y arrivais pas… Mais là, il fallait que… Je ne pouvais plus le garder pour moi, je suis désolé… »


Je cale bien ma tête dans son cou, pour lui faire savoir que je ne lui en veux pas… Même si au fond de moi je sens un drôle de sentiment… Mais ce n’est pas contre lui.


        On reste comme ça encore un petit moment. Puis il me fait savoir qu’il doit y aller car son cousin l’a invité à manger avec lui ce midi. Il se relève, me serre une dernière fois dans ses bras et part vers les escaliers, en me promettant de revenir plus tard dans l’après-midi. J’entends ses pas résonner dans la Tour jusqu’à ce qu’il sorte.


        Il est revenu en fin d’après-midi et est resté avec moi jusqu’à ce qu’il fasse nuit noire. Les jours passent. Il revient me voir souvent, amenant toujours un bouquet de roses identique au premier. Il reste un long moment. Toujours serrés l’un contre l’autre, il me parle, me raconte ce qu’il a fait ou vu, et fait revivre les souvenirs. Nos souvenirs. On passe toujours un bon moment. Il ne peut pas me voir, mais pouvoir me sentir l’aide à aller mieux. Mais il sait aussi bien que moi que ça ne durera pas éternellement. Un jour ou l’autre, il devra quitter Parsemille et on ne pourra plus se voir. Alors je profite des moments où nous sommes réunis à nouveau.


        Mais quand je suis seule, tout un tas de questions se bousculent encore dans ma tête. Pourquoi suis-je restée ? Normalement, les Pokémon rejoignent Arceus dans le ciel, et forment les étoiles qui brillent si joliment dans la nuit. Alors, pourquoi suis-je encore ici ? Et puis, ce sentiment de haine qui grandit en moi au fur et à mesure des jours qui passent, d’où vient-il ?


        Un jour, alors que je l’attendais, comme à mon habitude, près de... ma... tombe, une vieille exorciste est passée à l’étage, armée d’un livre et d’une bonbonne d’encens. Elle l’agitait en murmurant des paroles inaudibles dans une langue qui m’était étrangère. Soudain elle regarda dans ma direction. Je restais sans bouger, immobile, de peur qu’elle m’ait vue. Mais elle reprit son chemin calmement, marchant entre les tombes. Elle passa bientôt près de moi, et sans le vouloir, elle trébucha sur ma queue, que j’avais laissée trainer dans le passage. Je la retirais bien vite, mais elle semblait avoir sentis ma présence. Elle afficha un regard effaré, se releva rapidement et brandit une croix en bois noir en murmurant à répétition « Vade Retro Satanas ! ». Je la laissais s’éloigner sans rien faire de plus, elle semblait déjà terrifiée. Une fois qu’elle fut partie, je m’enroulai à nouveau devant mon point de rendez-vous quand quelque chose attira mon attention. Dans sa chute, elle avait fait tomber son encens et son livre, et ne les avait pas récupérés en partant. Je saisis la bonbonne entre mes crocs pour la dégager du passage puis prit le livre. Sa couverture piqua ma curiosité. Je reconnus notre Dieu en mosaïque, l’air puissant, entouré d’un halo de lumière divine. Mais encore plus, je remarquais que le titre était écrit en runes Zarbi, une langue universelle chez nous les Pokémon, et beaucoup plus simple à déchiffrer pour moi que l’écriture des humains. J’y lus « Légendes et mystères de la vie des Pokémon ». Curieuse, je me cachais derrière ma tombe –quiconque verrait un livre dont les pages se tournent seules hurlerait à la mort- et ouvrit l’ouvrage à une page au hasard. Pour mon plus grand bonheur, les textes à l’intérieur étaient aussi en runes Zarbi, me facilitant grandement la compréhension.
       
Je lus le texte présenté sous mes yeux, sans grand intérêt particulier, juste heureuse d’avoir trouvé quelque chose qui me faisait passer le temps pendant que mon dresseur n’était pas là. Revenue au début du livre, j’avais parcouru la préface ainsi que les deux premières légendes racontées lorsque j’entendis un pas familier et régulier monter les étages de la Tour des Cieux. Sachant déjà qui allait arriver, je dissimulai rapidement et correctement le livre sous un tas de feuilles mortes et de poussière, heureuse de pouvoir remettre ma lecture à plus tard.


« - ... Et tu avais fini par triompher. Tu t’en souviens, Arsenic ? »


Lovée contre lui, je fis un signe affirmatif de la tête, sachant qu’il la sentait bouger sur son torse. Ça me faisait sourire à chaque fois qu’il me demandait ça, on dirait qu’il avait peur que ma nouvelle forme m’ait enlevé mes souvenirs. J’avais envie de lui dire que c’était tout ce qui me restait à présent, mais le voir si inquiet pour moi me rendait heureuse. Il m’aimait toujours. Comme avant. Quand j’étais encore là.


- Arsenic... Ça me manque tellement ces moments passés ensembles...


Oui, à moi aussi... Mais ne pleure pas, j’aime pas te voir triste...


- Si seulement je pouvais te faire revenir Arsenic...


Il n’arrêtait pas de dire mon nom et j’adore l’entendre venant de sa bouche. Depuis toujours, à chaque fois qu’il me parle, quelle que soit son humeur –tristesse, colère, joie ou peur- il prononce mon surnom avec une infinie tendresse. Il commença à bouger, me faisant signe qu’il allait se relever. Je m’écartai de lui et il se mit debout.


- il est l’heure que je parte... Au revoir Arsenic. Je reviens demain à la même heure, tu m’attendras hein ?


Il tendit sa main vers moi, la paume tournée vers le sol, mais elle resta suspendue dans le vide. Il ne pouvait pas me voir. Automatiquement, je vins caler ma tête contre sa main brulante. Il me caressa tendrement puis tourna les talons. Quelques minutes après son départ, j’entendis le bruit désormais familier des gonds de la porte d’entrée qui se bloquèrent. Plus personne ne viendra désormais. Je ressortis délicatement le livre de la vieille exorciste et me replonge dedans.


        Au bout de deux ou trois heures de lecture, je suis obligée de m’arrêter un peu. Je ne suis pas habituée à ce genre d’exercice, ça a beau me faire passer le temps et être intéressant, mon cerveau commence à fatiguer. Je m’apprêtai à le reposer pour faire un tour et me changer les idées lorsque le titre du chapitre suivant retint mon attention. J’ai pas rêvé ?


« Pokémon et formes spectrales. »


Par Arceus ! Je repris le livre et parcouru fébrilement la page des yeux.


« ... Il est triste, quoique rare, d’assister à la mort d’un Pokémon. Ces êtres, très résistants, sont la plupart du temps portés simplement K.O. Seulement, qui s’est déjà demandé ce que devenait l’esprit d’un Pokémon une fois l’enveloppe corporelle de celui-ci détruite ? Certains s’accordent à penser qu’ils font voyage jusqu’au dieu Arceus, dans le ciel. Ce n’est pas toute la vérité.
Parfois, après leur trépas, certains Pokémon, ou du moins leur esprit, seraient trop tourmentés pour accéder à Arceus. Condamnés à errer sur Terre, ils prendraient une forme invisible, mais palpable. Ces esprits, bloqués sur Terre, n’auraient la chance de trouver la paix qu’une fois leur âme tranquille. Voici ce que raconte Léopold, dresseur Pokémon depuis l’âge de douze ans :
"J’ai perdu mon Excelangue, Abel, que j’avais depuis plus de dix ans. Nous étions en chemin pour Nénucrique ; j’avais promis de lui acheter un ruban doré très rare. Les rubans, c’était son truc, un vrai fan, il en portait tout le temps ! Enfin bref.  On traversait la forêt, lorsqu’un cri a retenti. Un Chenipan, tout jeune, appartenant à un dresseur tout aussi jeune, se faisait attaquer par un Grahyena féroce. Sans réfléchir, tout brave qu’il était, Abel s’est interposé entre les deux. Mais en se battant contre ce loup sauvage, il n’a pas survécu. Ça a été comme une partie de moi envolée, disparue. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus. Le soir, j’avais l’impression de l’entendre. De le sentir se blottir près de moi. Il m’a fallu du temps avant de comprendre, enfin, que c’était vraiment lui ! Je ne pouvais pas le voir mais je le savais, il était là."
        Léopold a commencé à apprécier la compagnie invisible de son Excelangue. Sauf que cela s’est vite transformé en cauchemar. L’esprit d’Abel devenait violent, il renversait des objets, en cassait d’autre. Léopold, tourmenté, a vite saisi le problème : Abel ne pouvait accéder à l’autre monde, où l’attendait Arceus. Quelque chose manquait. C’est alors qu’il a compris… Il est reparti à Nénucrique, a acheté ce fameux ruban doré. Il l’a posé devant lui, signalant à son Abel qu’enfin il avait tenu sa promesse. Le ruban a bougé, puis disparu. Et jamais, depuis, Léopold  n’a senti l’esprit de l’Excelangue.
        Cette histoire confirme la théorie de l’esprit vengeur. L’esprit tourmenté, incapable de se libérer avant d’avoir accompli une dernière chose sur Terre. Les Pokémon y sont soumis. Aussi, si un jour des choses anormales se déroulent après la perte de votre être adoré… N’oubliez jamais qu’un Pokémon peut lui aussi avoir des choses à terminer avant de pouvoir quitter définitivement la Terre. »
Je reposai le livre, incrédule.
Je suis restée sur Terre dans un but précis ? Mais lequel ? Qu’est ce qui me rattache encore ici ?
Mes pensées allèrent directement vers mon maître. Serais-je restée pour le revoir une dernière fois ? Non impossible. On s’est revus, on a eu dix fois le temps de se dire adieu. Donc ça ne peut pas être ça, vu que je suis encore là. Et cette légère haine au fond de moi, qui prend de l’ampleur au fur et à mesure du temps qui passe... Serais-ce ça ? Mais contre qui ? Pourquoi ?
Plusieurs heures après, je n’ai toujours rien trouvé. J’ai continué un peu de lire le livre entre temps et ai appris que selon les légendes, sous leur forme spectrale, les Pokémon n’éprouvent pas le besoin de dormir et semblent être continuellement transis de froid. Je ne sais pas qui a pu rapporter ceci, mais je le confirme, les tremblements et le vent glacial qui semblent m’accompagner depuis des semaines en sont la preuve.
        Mon regard est attiré par la fenêtre de la tour, d’où s’échappe maintenant une légère clarté. Déjà le matin ? Le livre m’aurait fait passer le temps beaucoup plus vite. Et mes questionnements aussi. Je m’approche de la fenêtre pour observer le monde à son réveil, et pour plus tard guetter l’arrivée de mon maître. Une douce mélodie commence à ébruiter la tour. C’est le chant des Colombeau qui s’éveillent, je les vois s’envoler depuis les arbres qui entourent le cimetière. De ma hauteur, je peux aussi voir les premiers Miradar partir à la chasse. Au bout d’un moment, quelques dresseurs matinaux viennent sur les lieux, sans doute à la recherche d’un Pokémon rare ou d’entrainements. Je soupire à cette dernière pensée. Ces moments de complicité avec mon maître me manquent. Ces petits instants de joie quand j’arrivais à surmonter un obstacle, son réconfort quand j’échouai... Et sa persévérance. Je sens une larme rouler sur ma joue, je décide de la laisser couler et atteindre le sol. J’aimerai tellement pouvoir tout recommencer... Avoir une seconde chance.
Alors que je m’apprêtais à faire demi-tour et retourner à m tombe pour me calmer, un espèce de râlement sourd retentis au dehors. Je levai les yeux vers sa source... Et mon sang ne fit qu’un tour.
C’est lui.
Je le reconnais.
Dans mes souvenirs, c’était flou, mais là, j’en suis certaine. Il n’y a pas de doute possible.
Le dresseur au Flamoutan.
Mon meurtrier.
Celui qui cause son chagrin.
La haine que j’ai sentis s’accumuler dernièrement en moi fait soudain surface, et m’emporte dans son tourbillon destructeur. En une fraction de seconde, je suis sortie de la Tour des Cieux, qui a ouvert ses portes il n’y a même pas quelques minutes. J’avance le plus rapidement possible, je fonds à travers l’herbe et les arbres, droit dans sa direction. J’arrive dans un endroit plus clairsemé, un regard à droite, et je me fige.
C’est bien lui.
Le même rictus qui lui déforme les lèvres, la même folie dans le regard. J’ai l’impression que mon cœur a raté un battement, et l’espace d’une seconde, je ne sais pas quoi faire. Mais l’adrénaline coule à flot dans mes muscles, ces derniers se délient et je me mets à avancer vers lui. Je me retiens, j’essaie d’avancer doucement, comme si j’avais peur qu’il me repère, alors que je sais que c’est absolument impossible.
Mon rythme s’accéléra d’un coup, sous la pulsion de l’adrénaline qui parcourait mon corps entier. Ils ne faisaient pas attention à moi. Sans doute m’avaient-ils déjà oubliée. Mais qu’importe.
Je vais leur faire payer.
Ils vont regretter amèrement d’avoir fait pleurer mon dresseur.
Ces deux êtres ne méritent pas de vivre.
Ils sont la source du chagrin de mon maître.
Alors ils doivent mourir.
J’armai ma queue aiguisée et dégoulinante d’un venin mortel, et la lançait droit devant moi, en plein dans la poitrine du Pokémon qui était mon meurtrier. Le Flamoutan poussa un cri déchirant tandis que son sang gicla sur mes écailles noires. Je retirai ma queue de l’entaille déjà ouverte, ce qui eut pour effet de le faire crier davantage. Son maître se retourna vers lui, et je le vis chercher des yeux la provenance de l’attaque. Le Flamoutan, se fiant plutôt à son instinct, tenta de m’asséner un coup. Porté à l’aveuglette, je n’eus aucune difficulté à esquiver et à répliquer en lui entaillant le bras. Le sol se couvrit de liquide couleur rubis, et l’air vibrait au son des cris de douleur de mon meurtrier. Sans lui laisser le temps de s’en remettre, je lui sautais à la gorge et enfonçais mes crocs aiguisés enduits de venin dans la jugulaire. Je sentis ma gueule se remplir d’un liquide chaud et amer, mais au goût étrangement délicieux. Ma victime se débattait et tentait tant bien que mal de me faire lâcher prise, mais n’y parvint pas. Une fois assurée que mon poison coulerait dans ses veines, je me retirai, non sans déchirer un peu plus sa peau pour faire gicler son liquide vital hors de lui.
Plus je le voyais souffrir, et plus je ressentais de la satisfaction. Vengeance ? Peut-être bien. Mais je ne me plaignis pas. Je laissai libre court à ma colère et à ma haine dans ce combat mortel. Enfin mortel pour lui, pour moi, il est déjà trop tard. Mais je l’emmènerais dans ma tombe.
Ce qui me semblait étrange, c’était la non réaction de son maître. Sans doute était-il tétanisé par le spectacle qui se déroulait devant ses yeux. Son Pokémon, se faisant blesser et ouvrir les veines par un ennemi invisible. Mais qu’est-ce que j’attendais ? Qu’il se mette à me supplier ? Je ne m’arrêterai pas. Je ne serais calmée que lorsque la tête de son Pokémon roulera à ses pieds comme il l’a fait pour moi.
Mais avant, je veux le faire souffrir. Qu’il comprenne. Voir le désespoir et le supplice s’inscrire au plus profond de ses pupilles et de son être. Qu’il sente la douleur envahir chacun de ses nerfs. Qu’il manque de s’évanouir. Puis comprendre, juste avant son dernier souffle, ce qui l’attend. Le Pokémon en question s’était relevé et prépara une attaque. A sa posture, je devine qu’il s’agit d’une Déflagration. Un large sourire étendit mes lèvres. Attaque du désespoir, pour toucher un ennemi qu’on ne voit pas, on vise le plus grand angle possible. Je n’eus qu’à me glisser sans bruit derrière lui pour éviter la calcination, puis je fis glisser lentement mes anneaux autours de son cou. Il se glaça d’effroi tandis que je le soulevai à quelques dizaines de centimètres du sol. La haine me donnait une force nouvelle. Je repassai devant lui, et plantai mes iris aiguisés dans ses yeux, qui cherchait quelque chose, ou quelqu’un, à quoi se rattraper. Sans bouger, je regardai avec délice le poison commencer à faire son effet. Le sang qui sortait des multiples blessures que je lui avais infligé commençait à prendre une couleur particulière, et mon meurtrier se tordit violemment en de soudaines convulsions. Il cracha une gerbe de sang sur le sol. Je ne résistai pas plus longtemps et l’envoyai rudement sur le sol. Il commença à ramper, comme pour vouloir s’échapper, mais il était trop affaibli. Je lui laissai le temps de s’éloigner quelque peu en souffrant, tachant un peu plus l’herbe verte de rouge vif. Je le rattrapai en un éclair et le retournai sur le dos. Je levai ma queue tranchante et ouvrit allègrement son abdomen. Du sang gicla en grande quantité sur moi et aux alentours. La blessure était assez profonde pour que l’on puisse distinguer un bout de ses entrailles. Le Flamoutan convulsait sévèrement sur le sol, ses yeux tournaient presqu’au livide, la fin semblait être proche pour lui. Je me tournai vers son dresseur, toujours à quelques mètres de nous.
Toujours aucune réaction. Une telle froideur me répugnait et me révoltait encore plus. Je relevai le Pokémon Feu à l’aide de ma queue puis lui tranchait le bras, ni plus, ni moins. Du sang coula de sa blessure nouvellement ouverte, mais moins de ce à quoi je m’attendais, signe qu’il était proche de l’hémorragie. La douleur nouvellement éveillée fit revenir ma victime à la réalité qui hurla à nouveau. Tant mieux, je le préférais conscient pour le grand final qui approchait... Le tenant toujours entre mes anneaux, je le mis bien droit face à moi. Une étrange sensation me parcourut soudain. Ses yeux semblaient me regarder. Peut-être qu’à l’approche de la mort était-il devenu capable de me voir... Mes soupçons se confirmaient tandis qu’un air terrifié, celui de quelqu’un voyant quelque chose d’impossible se passer sous ses yeux, pourquoi pas une personne censée être morte, déforma les traits abîmés de son visage. Je ne pus m’empêcher de lâcher :
- Oui, c’est moi. Tu m’as tuée. Mais je suis revenue. Pour toi. Pour me venger. Pour te tuer.
Ces derniers mots sonnèrent gravement dans ma voix. Le Flamoutan, incapable de me répondre de par sa gorge blessée entravée par mes anneaux, réagit en affichant un air presque suppliant et médusé par la peur. Mais il était déjà trop tard. Je savais ce qu’il me restait à faire. J’approchai sensiblement ma gueule de son cou déjà ouvert et le mordit violement. J’arrachai sa peau et ses muscles à la force de ma mâchoire et de mes crocs. Son sang coulait à flot dans ma gorge, comme une récompense. Je le sentais se débattre et tenter de hurler, mais j’enroulai progressivement mon corps autours du siens pour l’entraver et le maintenir debout jusqu’à ce que sa tête se décroche. Je crachai la chair qui emplissait ma gueule sur le sol, je sentis bientôt ses os se cogner contre mes dents. En un claquement sec, je brisais sa nuque.
        Ça y est. J’avais enfin obtenu justice. Je finis d’arracher les derniers lambeaux de peau qui maintenaient sa tête encore en place.
        Elle tomba sans un bruit sur le sol parsemé de flaques de sang et de morceaux de chair déchiquetés. En un éclair je relâchais son corps, qui s’effondra d’un seul coup dans son propre sang.
           Enfin.
        Je contemplais le carnage dont j’étais à l’origine. La plaine s’était transformée en une gigantesque mare de liquide rougeâtre, avec en son centre, le corps sans vie du Flamoutan qui avait atteint à ma vie.
        Une étrange sensation m’envahit en contemplant ce paysage. Comme un soulagement. Mais la haine n’était pas encore dissipée, je le sentais. Il m’en fallait encore.
        Instinctivement, je me tournai vers le seul être encore vivant hormis moi. La scène ne semblait lui faire ni chaud, ni froid. Je ne lisais rien dans ses yeux. La colère s’intensifia en un instant. Comment pouvait-il rester de marbre face à la mort de son Pokémon ?! La réponse était claire. Lui aussi devait y passer. Ils étaient tous les deux responsables.
        Je me mis à avancer doucement vers lui, le goût amer du sang de ma première victime toujours sur ma langue fourchue. Je fis volontairement du bruit en passant dans les flaques rubis, pour faire monter sa tension. Sans succès. Je grognai fortement, essayant de maîtriser un tant soit peu mes pulsions meurtrières.
        Mais alors que je n’étais qu’à un mètre de lui, prête à lui asséner un premier coup, un bruit sourd retenti derrière moi. Je me retournai vers sa provenance et vit arriver un petit troupeau de personnes, avec en tête une jeune femme aux cheveux roses, habillée en infirmière. Je reconnus Joëlle, la femme qui s’occupait du Centre Pokémon de Parsemille. Que faisait-elle ici ? Qui les avait prévenus, là, tous ?
- On non... On arrive trop tard !
Je me sentais très mal à l’aise face à eux, même si je savais qu’ils ne pouvaient pas me voir.
- Hé ! Vous là-bas ! Est-ce que vous...étiez le dresseur de... ce Flamoutan...?
Un frisson parcourut mon échine. J’eus l’impression de me réveiller d’un était comateux, cette voix...
        Non.
           Non.
        Ça ne peut tout de même pas...
        Je me retournai vivement. Si. C’était bien lui. Debout face au carnage, la main plaquée sur la bouche pour se retenir de vomir. Mon maître. A sa vue, je sentis toute mon énergie me quitter d’un seul coup. Je suis sûre et certaine que c’est lui qui a prévenu les secours. Je ne voulais pas qu’il voie ça. Je ne voulais pas qu’il se retrouve de nouveau face à lui. J’avais échoué. Je devais effacer la source de ses chagrins, et voilà qu’il se retrouvait de nouveau face à ce monstre. Soudain, il plissa les yeux et sembla chercher quelque chose aux alentours. Il se tourna vers moi, je me figeai instantanément. Merde ! Je devais partir avant qu’il ne sente ma présence.
        Je fis discrètement un écart vers la forêt. Il suffisait que je l’atteigne pour retourner à la Tour des Cieux l’attendre tranquillement. J’avançai tout doucement en direction de mon but, mes oreilles sifflaient sans que je sache pourquoi, mais j’avais extrêmement de mal à percevoir mon environnement. Mon corps était extrêmement lourd et j’avais l’impression d’avancer très lentement. J’arrivai enfin au premier arbre qui longeait la clairière, marque de ma porte de sortie. Avant cde m’éclipser dans l’ombre des feuillages, je me retournai pour voir où en était la situation derrière moi.
        J’étouffai un hoquet de terreur. C’était... C’était vraiment moi qui avais fait tout ça ? J’eus l’impression de redécouvrir la plaine. La jolie clairière dans laquelle je regardais parfois des dresseurs s’affronter depuis la Tour était devenue un paysage d’horreur. Maculée de rouge, avec un cadavre affreusement déchiqueté en son centre. Et une tête. Une horrible tête coupée, couchée sur le sol, avec encore les yeux ouverts, livides, qui semblaient me regarder.
        Je courrai. Le plus vite possible. Je devais m’éloigner à tout prix de ça. Des spasmes incontrôlables de nausée parcouraient mon corps entier, mais je ne pouvais pas m’arrêter.
        J’arrivai enfin devant la Tour des Cieux. Elle qui m’avait semblée presqu’accueillante au premier jour, me semblait immense, sombre et lugubre. Je me sentais écrasée par cet effet, presque paralysée d’effroi. Je parvins à me ressaisir et pénétrai dans son enceinte. Essoufflée, je gravis les escaliers avec un temps qui semblait infini. Les trois étages ne m’ont jamais parus aussi longs. Lorsqu’enfin ma tombe apparue à mes yeux, je poussai un soupir de soulagement, ayant presque la sensation d’être rentrée chez moi. Je me mis en boule tout près d’elle, attendant patiemment que mon maître arrive.
        Je n’y arrivai pas. Chaque seconde qui passait était pour moi une torture inimaginable. Tout, tout ce que j’avais fait dans cette clairière, tout me revenait en mémoire dans un désordre incompréhensible et insoutenable. Quelques fois, je ne pouvais retenir des hurlements de frayeur et de douleur, qui auraient fait trembler les murs du cimetière de mon vivant et terrorisé quiconque se serait approché. Je revoyais chaque scène, dans ses moindres détails, sans pouvoir penser à autre chose. Qu’est ce qui m’avait pris ?! Je me relevai d’un coup et serpentai parmi les tombes pour tenter de me changer les idées. J’avançai la gueule ouverte en crachant à plusieurs reprises, j’avais encore le goût froid et amer du sang sur la langue.
        La nuit tomba, je n’étais pas calmée pour autant. Mon corps semblait peser des tonnes et mon maître n’était pas venu aujourd’hui, ce qui n’arrangeait rien. En plus de la peur s’ajouta l’inquiétude. L’inquiétude de l’avoir laissé seul dans la forêt avec ce type. Je tremblai rien qu’à l’idée qu’il ait pu lui arriver quelque chose. Je serais volontiers ressortie m’assurer que tout allait bien, mais c’était prendre le risque de rater son retour. Et je ne voulais pas retourner là-bas. Je ne voulais plus jamais sortir d’ici. Je ne m’étais pas non plus approchée à plus d’un mètre de la meurtrière d’où je regardais le paysage, par peur d’apercevoir ce carnage dont j’étais l’auteure. Mais plus les heures passaient, plus l’inquiétude me rongeait. Je repensai à sa rencontre inopinée sur la plaine. Une sueur froide coula dans mon dos.
           Et s’il m’avait sentie ?
        Et s’il avait deviné que c’était moi qui avais fait tout ça ?
        Et s’il m’en voulait d’avoir fait ça ? Non ! Il ne peut pas ! J’ai fait ça pour lui, pour gommer son chagrin, pour qu’il arrête de pleurer, pour qu’il retrouve le sourire. Il ne peut pas m’en vouloir. D’accord je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Mais c’était pour lui...
           Etait-ce vraiment le cas ?
        Et si j’avais fait ça pour moi ?
        Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je rejetai ma tête en arrière en un long cri implorant. Je t’en prie ! Reviens me voir ! Délivre-moi de cette torture, de cette douleur... Je veux juste te revoir, et te voir heureux. Reviens...
        Je sentais mon corps devenir lourd, pour la première fois depuis longtemps, j’avais envie de dormir. Je repensai au livre. J’approchai peut-être de la fin... Plus j’y pensais, et plus cela me semblait plausible. Accomplir ma vengeance... Maintenant que c’était chose faite, qu’allait-il advenir de moi ? Un frisson glacial me parcourut. Je ne veux pas partir. Pas encore ! Je ne veux pas entreprendre ce voyage sans retour vers l’inconnu. Je savais que ça allait arriver un jour ou l’autre, mais Arceus je t’en prie ne me rappelle pas à toi maintenant ! Je veux rester ici. Pour toujours. Avec mon maître. Même si c’est impossible ! Je ne veux pas... Je ne veux pas partir... Pas maintenant... Juste encore un peu de temps...
        Le matin se levai déjà. J’ai cogité toute la nuit, je me suis fracassé la tête sur les murs pour tenter de faire disparaitre sous la douleur physique ma torture psychologique. Torture qui s’accentuait au fil que je sentais m’éteindre à petit feu. Mes mouvements devenaient de plus en plus lents, j’avais l’impression de déployer un effort inimaginable rien que pour me déplacer un peu entre les tombes. Bientôt je risquerais de ne même plus pouvoir lever la tête. Je donnerais tellement cher pour réussir à me mouvoir correctement pour nos derniers adieux... Déjà que je ne sais pas comment le lui annoncer... Comment lui faire comprendre que la prochaine qu’il reviendra je ne serais sans doute plus là ? Et puis... J’ai aussi peur de le voir arriver. J’ai aussi peur qu’il vienne, qu’il ne vienne pas. J’ai peur qu’il vienne me réprimander, qu’il m’en veuille si jamais il a tout deviné. J’ai peur aussi qu’il ne vienne même pas, comme pour me faire comprendre à quel point il est en colère contre moi. Mais j’aimerais tellement lui dire ! Lui expliquer pourquoi ! Et surtout lui dire au revoir. Qu’il sache que c’est la dernière fois qu’il pourra venir ici me voir. Me toucher. Me parler. Je sens quelque chose de chaud sur ma joue. On dirait que repenser à mon dresseur fait ressortir mes émotions. J’ai encore tellement de souvenirs gravés dans ma mémoire. Je ne veux pas les perdre. J’espère surtout que où que je parte après, je puisse les emmener avec moi.
        Midi. Toujours rien. Je n’arrêtais pas de me ronger les sangs. Immobile près de ma tombe, je fixais l’escalier pour le voir dès la première seconde où il serait là. Je suis à l’affût du moindre bruit, je pourrais presque l’entendre arriver devant la tour avec ce silence. Un silence presqu’étouffant. Mais j’en connaissais la cause. Elle était près d’une pierre noire décorée de roses, et se morfondait dans son désespoir. Couchée, la tête posée sur ma queue, je sentais mes paupières s’alourdir de plus en plus, je fermai les yeux à intervalles de plus en plus réguliers et courts. J’avais bien tenté un brin de lecture, mais même ça m’était apparemment interdit. Je ne m’étais jamais sentie dans un état de fatigue pareil. Même après un dur entrainement, j’avais plus la forme que ça. Et ma tristesse n’arrangeait rien du tout...
        Le soleil commençait à décliner. Je n’avais même plus la force de pleurer. Mais au moins, j’avais compris le message. « Je ne te pardonnerais pas, je ne veux même plus te revoir. » Ça me faisait extrêmement mal, mais c’était le prix à payer pour mes erreurs. Je ne serais plus là quand il reviendra un autre jour. Je ne veux plus lutter en vain. Adieu. Je pars.
- Arsenic ?

Je relevai la tête d’un seul coup. J’ai pas rêvé ? Je scrutai l’arrivée de l’escalier. Il était là, regardant dans ma direction. Une vague de soulagement sans borne m’envahit, tellement que quelques larmes me montèrent aux yeux.
Alors il est venu. Il est revenu me voir.
Je me redressai pour pouvoir aller à sa rencontre, mais je dus abandonner, les forces me manquaient. Épuisée, je me roulai en boule à côté de ma tombe, ne cessant de le regarder. Merci…

- Ça va ma petite Arsenic ? me demanda-t-il d’une voix douce une fois arrivé près de moi.

Pas vraiment non. Ma fin semblait tellement proche.

- Arsenic ? Pourquoi tu ne viens pas me voir ? 

Je n’en ai plus la force. Je suis désolée…
Je me dépliai avec efforts et me dirigeai vers lui. La distance était si courte pourtant ! Mais j’eus l’impression de mettre une heure pour y parvenir. Et je ne pus même pas me relever, j’eus à peine la force de m’enrouler autour de ses jambes.

- Tu as un problème ? Qu’est ce qui se passe ?!

Sa voix affolée me transperçait le coeur. Mes larmes discrètes prirent un peu plus d’intensité. Mon maître s’assit dans la poussière et ouvrit les bras. Je réussis à m’y glisser. Il les referma autour de moi et me caressa doucement la tête, sans un mot. On resta un moment enlacés en silence.

- Arsenic… J’ai quelque chose à te demander…

Je relevai la tête, un peu surprise. 

- C’est très difficile de l’admettre… J’espère me tromper, tu sais… J’espère me tromper…

Quelques larmes tombèrent sur mon front, faisant repartir de plus belle les miennes.

- Est-ce que… Est-ce que… Tu… Tu…! Est-ce que c’est toi qui… toi la responsable du carnage sur la plaine d’hier matin ?

Je me figeai, les yeux perdus dans le vide. Alors il avait compris… Mais je ne savais pas comment le lui avouer, j’étais comme paralysée. La peur qu’il me rejette l’emportait sur tout.
- Je… J’aimerais tellement que tu me dises que ça n’est pas toi… Mais… Ce Flamoutan…
Oui. Oui c’est moi ! Je le regrette, je te le jure… Je ne sais pas ce qui m’a pris… Pardonne-moi… Ne m’abandonne pas…
Soudain, je sentis qu’il s’écartait légèrement de moi. Ses yeux étaient posés sur sa main droite, son visage figé dans une expression de terreur. Je suivis son regard et j’hoquetai d’effroi. Sa main était tâchée de rouge. Sans doute l’avait-il essuyée sur mes écailles, encore maculée du sang de ma victime.
- Je… commença-t-il difficilement face à cette révélation. C’était ton meurtrier… Arsenic… Je peux… Non, même ça, je ne peux pas le comprendre !
Je le regardai, les larmes brouillaient ma vue. Je pris sa main ensanglantée avec ma queue et la serrait du plus fort que je pouvais. Ne m’abandonne pas… Je t’en prie…
- Tu… As tué quelqu’un… T-tu comprends ce que c’est ?! Je sais, c’est ton meurtrier, mais… Pas comme ça Arsenic, pas comme ça…
Je fermai les yeux avec force, me retenant de m’effondrer de désespoir. Ce que je redoutais le plus était en train de se produire..!
- Pou… Pourquoi ?
Je relevai la tête, surprise. Pourquoi ? Pourquoi quoi ? Ses larmes coulaient abondamment, j’aurais voulu le consoler en me serrant autour de lui, mais je n’en avais pas le droit.
- Pourquoi tu as fait ça ? Arsenic, j’ai peur… J’ai peur que tu sois devenue une meurtrière, comme lui…!

Je lâchai sa main et passai mes anneaux autour de son torse, comme pour éviter qu’il s’en aille. Non je ne suis pas devenue une meurtrière sans âme comme lui ! C’est pour toi que je l’ai fait. Uniquement pour toi. Enfin je crois. J’aimerais bien te montrer ce livre de légendes, que tu comprennes… Mais je ne sais même pas si j’aurais la force de te le ramener…
Quoiqu’il en soit, je suis sûre que je l’ai fait pour toi. Pour que tu n’ai plus de chagrin. Que tu n’ai plus peur. Même si, quelque part, j’ai échoué car le dresseur est en vie et qu’il court toujours… Mais n’aie pas peur de moi… Tout mais pas ça… Je voulais le faire pour toi...

- Lâche-moi ! 

Il tenta de se débattre pour échapper à mon étreinte, mais je serrai un peu plus fort. Non, ne t’en vas pas je t’en prie ! Reste avec moi. De toute façon, je vais bientôt partir… Mais je veux juste te dire que tu ne dois pas avoir peur de moi… Je l’ai fait pour toi ! Tu entends ? Pour toi ! 

- Arsenic ! Pourquoi tu ne veux pas me laisser partir ? Qu’est ce que tu veux me dire ?

Il arrêta de se débattre, comme si soudain une illumination s’imposait à lui. Je desserrai un peu mes anneaux et attendit qu’il se remette à parler, les yeux baignés d’eau salée au goût désagréable.

- Est ce que… Tu as fait ça pour moi ? murmura-t-il, presque de manière inaudible.

Je souri à travers mes larmes. On dirait qu’il a enfin réussi à lire dans mes pensées. Pour confirmer ses dires, je fis un douloureux effort pour poser ma tête sur son épaule.

- Oh Arsenic… Mais qu’est ce que tu as fait ?

Je sais, je sais ce que j’ai fait… Je regrette tellement… J’aurais dû t’attendre tranquillement ce jour là, ne pas quitter la Tour, ne pas quitter ma tombe, mais il est trop tard…

- Tu sais, moi aussi j’ai eu envie de lui faire subir… La même torture… Qu’il comprenne ce que j’ai enduré durant tout ce temps sans toi à mes côtés… Qu’il voit disparaître un ami, juste sous ses yeux… 

Il me caressa doucement le cou, puis d’un coup me serra contre lui.

- Je… Je pourrais peut-être comprendre… Pourquoi tu as fait ça… Un jour… La vengeance est une motivation bien mystérieuse… Mais je ne peux pas, Arsenic… Je ne peux pas cautionner… T-tu as fait quelque chose d’horrible, tu en as conscience ?

Quelque part, oui… Mais est-ce vraiment horrible d’avoir tué un tueur en série ? D’avoir tué son meurtrier ? De tuer pour que notre ami le plus cher puisse retrouver le sourire qu’il a un jour perdu ?

- Mais je ne veux pas… Je ne veux pas Arsenic… Je ne veux pas être en colère contre toi… Ne plus te voir, ne plus t’avoir à mes côtés… Est déjà bien trop lourd à supporter… Un jour, peut-être, je pardonnerai ton acte, pas aujourd’hui, mais en attendant… Je ne veux pas écourter le peu de temps qu’il nous reste...

Je me blotti encore plus contre lui, pleurant à chaudes larmes. Tu ne peux pas savoir à quel point le temps qu’il nous reste est court. Mais de tout mon coeur, merci…
On resta serrés un petit moment sans parler, chacun pleurant comme une madeleine. Arceus, mais qu’allait-il se passer lorsque je commencerais à disparaître…?

- Je suis désolé de pas être venu hier… annonça-t-il en essuyant ses larmes avec le dos de sa main. En faite, une enquête a été ouverte suite au meurtre du Flamoutan. J’ai dû rester comme principal témoin à charge vu que c’est moi qui avait appelé les secours. L’autopsie a révélé que les blessures avait été causées par un Seviper… C’est comme ça que j’ai su que c’était toi… On m’a alors suspecté, vu que tout le monde savait que j’en avait une. Mais le mec a reconnu lui même t’avoir tué il y a quelques jours. J’ai dû fournir un justificatif de décès, et il a été emprisonné… Je ne sais pas s’ils donneront suite à l’affaire…

Je te pardonne. J’étais dans un état hystérique hier, tu aurais pris peur en me voyant. Un silence léger s’installa entre nous, parfois coupé par une larme sournoise qui se remettait à couler ou des soupirs. Mais le pire pour moi, c’est que plus le temps passait et plus je sentais m’éteindre. Mon corps était effroyablement lourd. Ma faute avouée et presque pardonnée, j’avais enfin l’esprit réellement tranquille. Je pouvais partir. Désolée de te laisser comme ça, mais Arceus me rappelle à lui, il est temps que je le rejoigne…

- Arsenic ! Je… J’ai l’impression de moins sentir ta présence ! Qu’est ce qui se passe ?!

Merci de m’avoir aimée. De m’avoir éduquée et entraînée. J’ai passé des jours heureux à tes côtés. Mais il faut que je parte. Je suis désolée, moi aussi j’aimerai rester plus longtemps auprès de toi, mais ça m’est impossible.
Mon maître me serra du plus fort qu’il pouvait contre lui. Ses larmes s’étaient remises à couler, sans doute avait-il compris que l’heure était venue, celle des adieux...

- Arsenic…! Non, ne part pas !

Peut-être qu’un jour j’aurais la chance de revenir sur cette terre, même sous une autre forme, et dans ce cas, je ferais tout pour te revoir. J’ai eu beaucoup de chance de te connaître. Mon unique regret est de partir si vite, sans qu’on ai réellement le temps de se dire au revoir…
Je sentis mon corps s’évaporer, j’étais parcourue de drôles de sensations. Mes sens s'atténuaient, ma vision était brouillée par des nuées d’étoiles blanches. Mon heure est venue. J’eus l’impression de m’élever dans les airs, de quitter ses bras, de rejoindre le ciel. Et juste avant de disparaître pour de bon, j’entendis une dernière fois sa voix m’appeler.

- ARSENIC ! Arseniiiic ! NONNN !

Adieu. Jamais je ne t’oublierai.

*FIN*
****
Désolée pour le double post, mais le texte est tellement long qu'il ne tenait pas en une fois et j'avais pas envie de couper (: Merci d'avoir lu ! Alors, tu as un avis à me laisser ? :3


-Kajia
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Ven 21 Nov - 18:59

Bravo Kajia super fic qui m'a ému. Bon le coup du Pokémon décédé sans le savoir je m'y attendais mais tu as su l'amener de manière simple et efficace. Rien à redire, tu contrôle parfaitement ton sujet. Encore Bravo !
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Sam 22 Nov - 13:29

Merci beaucoup Chesh ! :'3

Oui c'est vrai que c'est pas forcément très original, mais j'adorais l'idée ! Donc voilà c:

Contente que ça t'aie plu ! [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 3875001007
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Sam 22 Nov - 23:10

J'ai littérallement adoré, mais bon Dieu qu'est-ce que c'est triste :'( j'ai presque pleuré...
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Dim 23 Nov - 9:25

Trop bien [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 2020584153
Tu peux faire une suite ?
Parce qu'en lisant la fin, je me suis aperçu qu'on pouvait pousser un peu plus loin, faire une suite...
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Dim 23 Nov - 14:13

Cette fic est juste géniale, je l'adore !!! Mais je dois avouer qu'Arsenic m'a fait pleurer :'(
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Dim 23 Nov - 17:25

Azkul a écrit:
J'ai littérallement adoré, mais bon Dieu qu'est-ce que c'est triste :'( j'ai presque pleuré...

La même, j'ai ADORE (même si le coup qu'elle soit morte je l'y attendais), mais rceus c'était fantastique! Merci et bravo!
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Mar 25 Nov - 21:32

Wow tant de réaction merchi les amis :3

Azkul> Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii :3 :3 dommage ue tu n'aies que "presque" pleuré j'aurais bien aimé t'arracher une larme [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 2919776997

Xela3000>Merciiiiiii :3 Alors une suite n'est vraiment pas prévue du tout, surtout que je ne vois pas trop quoi faire après vu qu'elle est morte... ^^' Mais je serais ravie d'entendre ton avis si tu as une idée :)

Aggron99> Hihi j'aime bien savoir que je provoque autant d'émotions à travers mes écrits <3

Simiak> Tous le monde s'y attendait je pense x) j'ai tenté de rendre la chose la moins discernable possible mais je crois que l'on comprend vite quand même ^^' Merci beaucoup :3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Mar 25 Nov - 21:48

Je ... je ...
Magnifique ... J'applaudis! Tu as un réel talent! Je m'incline!
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 27 Nov - 11:31

Franchement, c'était géniaaaal!!!!
J'attends avec impatience ta prochaine fiction :D :D
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 27 Nov - 12:54

Bande de spoiler ! Pensez aux gens qui regarde les commentaires avant de lire [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 1826988118

Sinon je suis sublimé par ton talent Kajiatori, j'ai adoré !
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 27 Nov - 21:05

Roh lala mais je rougis à chaque fois que je viens ici x3 JE suis sérieuse, ça me fait énromémnt plaisir que vous aimiez ma fiction ! <3 :'3

Unpuis> Merci merci :"3

Myrtille12> Merciii :3 une autre est en cours d'écriture, je la posterais une fois finie, j'espère ne pas vous décevoir ! :3

Ach> désolée pour les spoilers x') (même si je n'y suis pas pour grand chose... Si ? désolée xD) Je mettrais des alertes anti-spoil pour mes prochaines si tu veux ;3 Et mercii beaucouup :3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 27 Nov - 21:35

Bon sang, mais c'était juste génial !
Emouvant, bien écrit, vraiment juste, et il y a deux ou trois interventions qui font rire, ce qui fait encore plus mal avec l'évolution de l'histoire. Bref, c'est vraiment excellent ! ^^
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 27 Nov - 21:42

Adnihilis> Merci pour tous tes compliments ! :'3 Des interventions qui font rire ? Euh j'sais plus si j'en ai mis xD mais tant mieux si tu as aimé :3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Jeu 27 Nov - 23:06

"Je cherche, je cherche, je cherche et finis par mettre le doigt dessus (enfin façon de parler, puisqu’étant un serpent...bref)"

Cette phrase est pas forcément faite pour être drôle, mais perso, elle m'a fait rire (bon, ça correspond à mon style d'humour aussi xD).

Bon, c'est qu'un exemple, mais, oui, tu as mis quelques phrases qui détendent un peu l'atmosphère... Pour mieux la replomber après ! ^^
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Lun 22 Déc - 11:57

Ah oui, c'est vrai que j'avais glissé quelques interventions plus ou moins humoristique pour rendre le récit moins lourd x) On doit avoir le même style d'humour, ou pas loin :3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Lun 22 Déc - 12:18

Je pense qu'on doit avoir un humour un peu semblable, l'humour de l'absurde et des réflexions décalées x).

Oui, avec, tu rends le récit moins lourd... Mais t'arrives surtout à faire de l'ascenseur émotionnel, là x) (Atmosphère plus légère et BAM ! Regoûte à la réalité cruelle dans ta face ! xD)
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Lun 22 Déc - 12:21

C'est exactement ça, j'adore mettre des expressions qui n'ont rien à voir avec leur contexte xD !

Mwhéhéhé [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 2919776997 c'est pour plus d'émotions de votre part mon enfant >:3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Sam 27 Juin - 12:04

really SORRY for this big up,don't kill me please [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 248604097 [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] 1554180325

Bref :x

Cette fic est la bg attitude incarné,c'est émouvant magnifique,bref :x

Aucun descriptif,mon moment préféré est
Spoiler:

Encore désolé pour le up.

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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Sam 27 Juin - 12:10

Spèce de sadique XD
Merci :3 Et c'est pas grave pour le up au contraire ^^ <3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Sam 27 Juin - 12:28

C'est vrai que ca fait une 'tite pub pour les autres :3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty - Sam 27 Juin - 12:28

Voui merci de la remettre en haut du dossier ^^ ça va ptete attirer l’œil :3
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MessageSujet: Re: [Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS][Fanfiction] Arsenic, enchantée ! [OS] Empty -

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