Introduit lors de la deuxième génération, le Pokérus est un virus infectant uniquement les Pokémon. La conséquence de cette infection, bien connue des amateurs de breed, est l'obtention du
double des EVs gagnés au cours d'un combat. Mais dans l'imagerie commune, le virus est un microbe dangereux pour l'organisme, à l'origine de maladies : grippe, herpès, VIH etc. Comment concevoir qu'un virus viendrait gentiment nous infecter pour améliorer les capacités de notre Pokémon ? C'est la question à laquelle je tenterais de répondre dans cet article.
Après les peluches Ebola, à quand les peluches du gentil Pokérus ?Avant tout, c'est quoi un virus ? Un virus, c'est un type de
micro-organisme, avec les bactéries et les protozoaires. En gros, des organismes de petite taille. En l’occurrence, le virus est en général de l'ordre du nanomètre, c'est-à-dire 10
−9 m, ce qui fait que le virus est, en général, quasiment un millier de fois plus petit qu'une cellule animale ou végétale ! De plus, à part la différence de taille, le virus a un "défaut" : il
ne peut pas se répliquer tout seul. Pour ça, il a besoin d'infecter une cellule afin d'utiliser sa machinerie cellulaire pour produire les éléments nécessaires à sa prolifération.
On peut donc supposer que c'est par ce biais que le Pokérus améliore les capacités du Pokémon contaminé. En générant les constituants nécessaires à sa réplication, le Pokévirus produirait également des molécules qui amélioreraient les capacités du Pokémon infecté.
On en revient donc à la problématique du début : dans quel intérêt le virus irait-il produire de telles substances ? La réponse est finalement assez simple : puisque le virus a besoin de cellules vivantes pour survivre, il n'a alors qu'à
favoriser la survie de son hôte en produisant des substances qui vont faciliter le développement et la division cellulaire. De ce fait, le virus pourra contaminer davantage de cellules et survivre donc encore mieux.
On commence donc à mieux comprendre les mécanismes du Pokérus. Cependant on a pas réellement tout expliqué : par quelle action le virus permettrait-il de "doubler les EVs gagnés au cours d'un combat ?" Transcrivons ça de façon simple.
Supposons que :
• Les IVs correspondent au
patrimoine génétique des parents. C'est-à-dire des gènes issus des parents qui favorisent la survie de l'enfant en le rendant plus fort.
• L'expérience correspond au contraire à un
comportement, un sens du combat qui croit au fil des combats. Cette expérience est comprise dans un grand ensemble, qui correspond au Niveau du Pokémon.
• Les EVs correspondraient alors à une compétence dans un
domaine plus précis (Attaque, Défense, Vitesse etc.) là où l'expérience est une connaissance du combat plus générale. D'où le fait que tel Pokémon donne tel point en EV au Pokémon qui le combat : ce dernier a du faire usage de telle ou telle compétence pour le vaincre plus facilement.
On peut donc en conclure, à travers cette définition plus élargie des Effort Values, qu'on peut faire deux approches pour expliquer l'action du Pokérus sur le Pokémon. La première serait une action sur le
comportement du Pokémon : il apprend plus vite de ses combats, et est capable de mieux s'adapter pour vaincre. L'autre approche serait une
approche physique. Au lieu d'agir sur la cause des EV (à savoir des comportements précis sur des domaines comme l'attaque ou la défense) le virus agirait sur la conséquence, à savoir une amélioration de ces domaines, et donc le rendrait directement plus fort après un combat. Pour schématiser ça, c'est comme si un sportif cherchait à s'entrainer : soit il se donne la motivation de faire ses exercices, soit il se dope directement pour améliorer ses capacités. Voyons ensemble ces deux approches.
Théorie 1 : Le Pokérus infecte les cellules musculaires
Dans cette théorie, le Pokérus va infecter préférentiellement les
cellules musculaires ou myocytes. Ces cellules sont constitutives de nos muscles, mais ont aussi d'autres rôles, et se retrouvent par exemple dans le cœur où elles ont un rôle dans la contraction, dans la paroi des vaisseaux sanguins, ou encore dans l'intestin.
Une des particularités des cellules composant nos muscles, ce sont leur
taille, très importante par rapport aux autres cellules de l'organisme. Du fait de leur grande longueur, elle possède de
nombreux noyaux, jusqu'à 500 pour certaines cellules. Cette quantité de noyaux est intéressante pour le Pokérus, puisque c'est grâce au noyau qu'il pourra proliférer. Les cellules musculaires semblent être donc une cible de choix pour le Pokérus.
En infectant par conséquent les tissus musculaires, le Pokérus va produire des substances favorisant le développement des muscles pour assurer sa survie et celle de son hôte. Les substances pouvant être générées sont multiples.
Il peut s'agir d'hormones de croissance, ou de molécules comme la phosphocréatinine, qui est impliquée dans la production d'énergie nécessaire lors de l'effort musculaire, ou encore la carnitine, elle aussi impliquée dans la production d'énergie au sein de la cellule.
Ce graphique montre la production d'énergie au cours du temps lors d'un effort musculaire.
En rouge, l'énergie (sous forme d'ATP) provient au départ de la phosphocréatinine. (CP dans le schéma) Cet apport d'énergie est nécessaire, en attendant que la glycolyse anaérobie (les sucres produisent de l'énergie sans oxygène) puis la glycolyse et lipolyse aérobies (sucres et lipides produisent de l'énergie avec oxygène) prennent le relais pour assurer un effort dans la durée.
Cette théorie pourrait également s'étendre à des types cellulaires spécifiques de certains Pokémon, comme par exemple les
électrocytes, qui sont des cellules musculaires modifiées permettant chez des Pokémon électriques (et qu'on retrouve également chez des poissons comme la torpille) de générer un courant électrique. Cet argument concorde avec le fait que le Pokérus augmenterait les capacités physiques (Attaque, Défense, Vitesse) comme les capacités spéciales. (Attaque et Défense Spéciales)
Toutefois cette théorie possède un gros inconvénient : elle ne s'applique pas à tous les Pokémon. En effet, si le Pokérus vise essentiellement des cellules musculaires, qu'en est-il des types
Spectre ? Ou bien encore, de Pokémon Acier comme Magnéti, ou Glace comme Sorbébé, qui ne possèdent pas de muscles ?
Ci-dessus Sorbébé, né d'un glaçon exposé à la lumière du matin, Clic issu de deux rouages métalliques et Fantôminus constitué de gaz. Leur organisme obéit à un fonctionnement différent des Pokémon ayant une similarité avec les animaux, le Pokérus ne peut donc infecter leurs muscles. La seconde théorie permet de passer ce problème puisqu'elle s'applique à tous les Pokémon, qu'ils soient faits de gaz, de glace ou d'acier.
Théorie 2 : Le Pokérus infecte les neurones
Cette théorie part du principe que chaque Pokémon possède une conscience liée à un cerveau, ou au moins un
centre nerveux. En effet, même des Pokémon Acier comme Métalosse possèdent un cerveau, comme en atteste sa description dans le Pokédex de RO :
"Métalosse dispose de quatre cerveaux."De cette approche, on peut donc concevoir que le Pokérus va favoriser le développement des neurones dans lesquels il se reproduit pour assurer sa survie. En conséquence, plus de neurones amélioreront les capacités intellectuelles du Pokémon et l'aideront pour combattre plus facilement et acquérir une expérience dans les compétences qui les concernent.
Cette théorie permet donc de mettre sur un pied d'égalité des Pokémon comme Alakazam qui n'ont pas une musculature développée, mais qui peuvent malgré tout acquérir de l'expérience dans plusieurs domaines, avec d'autres Pokémon plus musclés. (typiquement des types Combat pour la famille de Machopeur)
Par ailleurs, elle est celle qui se rapproche le plus de la réalité. En effet, des chercheurs ont récemment mis en évidence que le
bornavirus, un type de virus infectant les neurones, produirait une molécule capable de
maintenir en vie les cellules qu'elle infecte.
Cette image obtenue par des techniques de laboratoire montre comment le virus se propage à travers les terminaisons du neurone. Cette molécule, nommée protéine X est actuellement à l'étude pour servir contre les maladies neurodégénératives (qui détruisent les neurones) comme la maladie de Parkinson. On retrouve le même mécanisme que pour le Pokévirus : infecter un type cellulaire, se répliquer en utilisant sa machinerie génétique, et produire des protéines pour maintenir en vie son hôte.
Cependant, cette théorie, bien que proche de la réalité, ne repose que sur des hypothèses difficiles à vérifier, notamment que chaque Pokémon possède dans son corps une structure qui se rapproche d'un système nerveux pouvant commander ses actions.
On a donc pu voir différentes approches possible quand au mode de prolifération du Pokérus dans l'organisme. Par la suite, dans le jeu, l'effet bénéfique sur les EVs s'annule, mais le virus reste transmissible, pouvant traduire une limite au développement de la cellule-hôte.
Enfin, il est possible de trouver une autre cause probable à cette amélioration de l'hôte. Tout comme la
rage favorise l’agressivité des animaux et incite ainsi un chien à mordre pour transmettre le virus, ou la
toxoplasmose modifie les comportements en parasitant une zone du cerveau pour forcer une interaction avec le chat, seule espèce dans laquelle il peut se reproduire, et si le Pokérus favorisait les combats et interaction entre Pokémon pour se transmettre ?
- Sources / Index:
• À propos de la carnitine : Lien
• À propos des électrocytes : Lien
• À propos du bornavirus : Lien
• À propos de la toxoplasmose : Lien